Permettez-moi de paraphraser Sergio Pablos (talentueux créateur de personnages pour les studios Disney et réalisateur de l’extraordinaire film d’animation « Klaus » des studios SPA) : « Un personnage est un outil pour raconter une histoire ». C’est vrai et ce n’est rien de plus. Certains servent à ce qu’on s’identifie à eux, d’autres font rire ou font peur. D’autres ne sont là que pour donner de la crédibilité ou de la motivation aux personnages principaux… Si un personnage n’apporte rien dans une histoire, il est donc le fruit d’une erreur de la part du scénariste. Il coûtera de l’argent à la production pour ne servir à rien.(Un peu comme une sculpture d’art moderne sur un rond-point).
Chaque personnage d’un film d’animation arrive donc entre les mains de son créateur avec sa juste place dans un script, sa relation avec les autres, ses traits de personnalité, sa description physique dans les grandes lignes, etc… Il est aussi souvent accompagné d’une documentation visuelle : d’images de personnalités ou d’autres personnages fictifs qui serviront d’inspiration au designer.
Une fois tous ces éléments réunis, le dessinateur n’a plus qu’à plonger sur sa feuille blanche ! Une première étape de recherche sert à explorer différentes possibilités de design pour chaque personnage. Une pluie de croquis assez bruts s’abat donc sur le réalisateur et la direction artistique qui doivent aiguiller l’artiste jusqu’à convenir d’un design satisfaisant. L’étape du « clean » peut alors être enclenchée et le dessinateur s’attaque à décliner le design choisi sous différents angles et dans des poses variées pour ensuite modeler ses expressions faciales.
De la plume du scénariste, la mascotte a pris forme sous le crayon du designer. Il ne reste plus qu’à lui donner vie ! Les animateurs entrent alors en scène. Il leur faudra dessiner 24 fois ce même personnage pour l’animer une seconde, dans le cadre d’une animation en 2D dite « traditionnelle ». Ou bien, les dessins du designer seront transmis à l’équipe des « modeleurs » qui créeront une marionette virtuelle en 3 dimensions du personnage pour que des animateurs le fassent enfin gesticuler à l’écran. C’est la méthode de l’animation en 3D dite « CGI » (computer-generated images).
Tout ce travail de recherche et d’évolution de la création de ces mascottes est invisible à l’écran. Je vous propose aujourd’hui de plonger dans les coulisses passionnants de la création de personnages ou du « character design »…