« Il faut se mettre dans des situations extrêmes pour dessiner », me disait Emmanuel Lepage (scénariste et aquarelliste de talent) alors que j’arborais la vingtaine.
Oui, car dessiner sur une table chez soi ne relève pas du défi. La foule dansante qui bouscule, la lumière trop faible du soir qui tombe sur une place, le papier qui gigote sous le vent qui se lève … Ce sont là des éléments qui apportent une maladresse fortuite au trait ou au coup de pinceau et qui donne de l’âme, une histoire, une sensibilité particulière au dessin.
Ce conseil n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd… Mais bien dans celle d’un amoureux de voyage et passionné de dessin.
Le dessin est le langage universel. Et croyez-moi, c’est vrai. Tout être humain s’exprime d’abord par le dessin, avant que la scolarité ne lui impose l’apprentissage de l’écriture au détriment de celui-ci. Or ni mon écriture, ni ma langue, ne me permettent de communiquer avec ceux et celles qui n’en possèdent pas les clés. Le dessin, lui, est universel. Mon pinceau est le meilleur allié de tous mes voyages. Autour de lui, les enfants se regroupent, les curieux se penchent au-dessus de mon papier, rient, partagent…
Il suffit d’oser ces « situations extrêmes », même s’il est nécéssaire de d’abord braver sa pudeur du dessin.
Mais rassurez-vous, face à l’art, le regard des autres avant de juger, est surtout émerveillé…